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Mai 68 constitue indéniablement une charnière dans l’histoire sociétale et sociale française, avec un

« avant » et un « après ».

Évoquer 1968 à Avignon, c’est s’interroger sur la dimension locale d’un phénomène national, qui s’inscrit lui-même dans un contexte international particulier.

L'exposition On refaisait le monde 

s’appuie intégralement sur les récits et les documents collectés en 2018 par les Archives de la Ville d’Avignon. Parcourez la mémoire de ces mois particuliers de 1968, entre mouvement social et « réplique » culturelle de juillet.

on refaisait le monde

souvenirs de 1968 à avignon

Transposition virtuelle de l’exposition de 2018.

Mise en ligne

en 2022.

introduction

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Mai 68 constitue indéniablement une charnière dans l’histoire sociétale et sociale française, avec un « avant » et un « après ».

 

La soif d’un changement radical s’est exprimée dans toute la France, dans un moment qu’on a qualifié plus tard de « catharsis », d’émancipation collective. Durant ces semaines où il « se passait toujours quelque chose », les événements furent chargés de nombreuses références et citations révolutionnaires, de la contestation aux barricades, des déferlements de manifestants aux jets de pavés. Le mouvement de Mai 68 a été celui d’une révolte contre l’autoritarisme, à tous les niveaux : autorité dans la famille, à l’université, à l’école, dans les entreprises, dans la culture. 

En 1968, une partie importante de la population s’est mobilisée pour faire entendre ce qu’elle voulait être, mais aussi ce qu’elle voulait avoir : être plus libres et plus égaux, avoir davantage de droits et de reconnaissance. Pour autant, ces aspirations à la liberté et à la rupture avec l’ordre établi, n’ont pas fait consensus absolu. Certains rendent même aujourd’hui les événements de Mai 68 responsables d’un délitement des valeurs et d’un avènement de l’individualisme.

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Évoquer 1968 à Avignon, c’est s’interroger sur la dimension locale d’un phénomène national, qui s’inscrit lui-même dans un contexte international particulier.

 

On a souvent lu et entendu que le Mai 68 avignonnais a eu lieu au mois de juillet, lors de la tumultueuse XXIIème édition du Festival. Il est vrai que les sources écrites conservées dans les fonds d’archives communales sont relativement peu nombreuses : cette administration, en grève de nombreux jours en mai, n’a produit et conservé que peu de documents pour nous permettre aujourd’hui d’analyser les faits locaux autrement qu’à travers la presse.

Et si on trouve dans ces fonds publics des rapports journaliers de police, quelques tracts, des éléments de correspondance du maire Henri Duffaut, des coupures de presse ou encore des bons de secours aux grévistes, c’est surtout le mois de juillet qui fait l’objet de dossiers de suivi des événements.

Pour revenir sur cette période contestataire, revendicatrice, inventive et agitée, les Archives de la Ville d’Avignon ont lancé un appel aux habitants, qu’ils soient acteurs, spectateurs ou opposés au mouvement. Ce sont ces documents et ces récits personnels, collectés auprès de personnes soucieuses de partager leur mémoire d’il y a 50 ans, qui a nourri l’exposition.

COLLECTER DES RECITS

Mouvement étudiant, contestation de l’ordre et du pouvoir en place, élan de liberté, évolutions des mœurs, grèves et revendications des ouvriers, des employés et des paysans, manifestations, meetings et organisation de solidarités, les événements de Mai 68 sont bien ancrés dans la mémoire collective locale. 

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repères 

historiques

Évènements internationaux

Évènements nationaux

Évènements locaux

Repères historiqus

1968 à avignon

un contexte déterminant

Le petit monde estudiantin avignonnais

mobilisé

de la grève généralisé au retour à l'ordre

un autre mai en juillet ?

la "réplique" culturelle à l'occasion du festival

Mai 68 n’est pas un événement surgi de nulle part. Il ne peut se lire qu’au prisme du monde où il s’ancre et à l’aune d’un paysage politique, culturel, économique et social spécifique, et il a été précédé d’une année 1967 riche en mobilisations ouvrières.

Les Trente Glorieuses, années de vitalité économique, subissent un début de retournement de conjoncture en 1966-1967. Le marché commun et l’ouverture des frontières initiés en 1957 occasionnent une restructuration des économies nationales dans le but d’être concurrentielles face à la compétition étrangère. Cela se répercute sur les conditions de travail et les exigences de productivité. On évalue alors à 46 heures en moyenne la durée de travail hebdomadaire dans le secteur industriel. Le gouvernement juge la situation de l’emploi préoccupante. La tension monte. L’année 1967 est émaillée de mobilisations importantes dans le monde paysan, inquiet des difficultés auxquelles il est confronté. Les ouvriers mènent eux aussi des combats importants et en avril 1967, la municipalité d’Avignon accueille une délégation de métallos nazairiens en grève, lors de leur tour de France. Cela participe de la diffusion d’un élan de revendications et d’un modèle de lutte sociale.

 

Les années qui suivent la Guerre d’Algérie apparaissent

« critiques », dans une « exigence d’interroger les

évidences », comme le souligne l’historienne Ludivine Bantigny. Le mouvement de décolonisation, les insurrections du tiers-monde, les suites des luttes pour les droits civiques aux États-Unis, les tensions de la Guerre froide, les révolutions en Chine et à Cuba, la mort récente de Che Guevara, tout comme la Guerre du Vietnam dans laquelle les États-Unis interviennent activement, occupent les esprits. À Avignon comme ailleurs, sont nés des « comités Vietnam » dès 1966-1967. Les affiches de l’Union internationale des étudiants arrivent en nombre, pliées en quatre, par La Poste, à la faculté de lettres, rue Joseph-Vernet.

Contexte

récits et documents

Récits et documents
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Découvrez les différents récits à travers le texte ou l'enregistrement

 sonore

Roselyne

Praly-Bouriche,

en Terminale au lycée Aubanel

« J'aurais voulu que tout le monde soit uni, mais je voyais bien qu'il y avait de grandes disputes idéologiques auxquelles je ne comprenais pas grand chose. »

00:00 / 03:49

MICHEL FLANDRIN,

JEUNE AUDITEUR D'EUROPE N°1

« En mai 68, je connus mes premières nuits blanches. Des heures de bruits et de récits, la sensation d'être au coeur de l'événement sans sortir de ma chambre. »

00:00 / 03:20

robert vettoretti,

étudiant à avignon et membre de l'unef

« On refaisait le monde mais surtout la société. Il y avait à faire : la majorité était à 21 ans et la pilule en était à ses balbutiements. »

00:00 / 11:44

jean-maurice martin,

étudiant à Avignon et militant à l'UNEF

« Je dois à mai 68 (et aux années qui ont suivi) mon éducation politique, la conviction d’une formidable libération et l’idée que les changements obtenus dans ces années étaient irréversibles. »

00:00 / 07:02

nadia boyer,

étudiante et fille d'ouvriers

« Le risque que les examens n’aient pas lieu me paralysait parce que les moyens financiers de mes parents ne m’auraient pas permis de redoubler. »

00:00 / 01:22

claire d,

jeune athlète scolarisée dans le privée

« La grève s’étendait de plus en plus, les écoles religieuses risquaient de faire grève, tout dépendait de la CFDT. Un sentiment de panique se développait »

00:00 / 02:56

michel

croustillat-drücke,

adhérent à l'unef et comédien dans la paillasse aux seins nus

« La tentative d’assassinat de Rudi Dutschke, à Berlin, m’indigna. L’arrestation des étudiants contestataires et la dénonciation du Plan Fouchet me décidèrent. Je ferai grève, le 6 mai 1968 ! »

00:00 / 07:40

Gérard martino, 

lycéen à philippe de girard, fils de cheminot et futur agent d'exploitation de la poste

« Mon père était membre du comité de grève au dépôt SNCF d’Avignon et il décida de m’y emmener. Il était occupé. Je peux dire que ce moment a été pour moi inoubliable. »

00:00 / 03:44

jean-louis reynet,

lycéen engagé aux jeunesses communistes

« Le soir, on partait en balade pour afficher à tour de bras, mettre les tracts dans les boîtes, et on discutait à perte de vue, je rentrais parfois au petit matin. »

00:00 / 05:38

michel mus, 

membre des 

jeunesses communistes

« Ce jour-là, ils ont installé leurs véhicules, pompes à eaux et tuyaux mais quand l’ordre a été donné, mon père et l’ensemble des pompiers présents ont refusé et ont posé fermement leurs pieds sur les tuyaux. »

00:00 / 03:41

henri, 

journaliste culturel, étudiant au clu

« Je me souviens aussi de la grande manifestation du 30 mai. J’étais un des cinq qui portaient la grande banderole de tête et n’en étais pas peu fier ! »

00:00 / 03:12

Cliquez sur les images pour agrandir et feuilleter

Affiches sérigraphiées de l’Atelier populaire de l’ex-École des Beaux-arts de Paris (atelier Brianchon).

Don Jean-Claude Jourdan. AMA 13Fi144, 13Fi147, 13Fi149, 13Fi152, 13Fi155, 13Fi159 à 161, 13Fi163 à 165

Près de 600 affiches différentes ont été produites sur le site des Beaux-arts à cette époque.

Elles sont toutes bardées du tampon : « Atelier populaire ».

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robert cappeau,

agriculteur à la barthelasse

« Mais, si on accepte les caprices du temps et les autres aléas de la nature, nous avons plus de mal à accepter les contretemps imposés par nos semblables… »

00:00 / 02:40

michel boucicot,

cheminot occupant du dépôt

« Il fallait faire vivre la grève et les moments de convivialité et de fraternité comme un repas partagé étaient des occasions vraiment privilégiées. Je me souviens qu’il y avait quelque chose de très gai et de très épuisant à la fois. »

00:00 / 05:46

jean-claude tésio,

incorporé au 7e régiment de génie pour son service militaire

« La privation de liberté, le manque d’information, le manque de contact avec les familles, les ami(e)s, les fiancées et, pour certains, les épouses et les enfants (plus de courrier) rendaient l’ambiance explosive. »

00:00 / 03:12

michel gromelle,

fonctionnaire de la mairie d'avignon

« Je ne me souviens pas d’agents qui se soient opposés au mouvement. Il y avait une grande solidarité. Mon père disait "ça me rappelle 1936 et le Front populaire". »

00:00 / 06:56

mireille salles-pin,

fonctionnaire nouvellement titulaire du papier rose

« Mais j’avais une préoccupation toute personnelle. La date pour passer mon permis de conduire était fixée au 9 mai. La grève générale n’était pas encore déclenchée, j’ai passé mon examen avec succès »

00:00 / 03:41